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Roland Ratsiraka, Ministre du Tourisme de Madagascar “Rétablir la confiance et aller de l’avant…”


En 2014, il était Ministre des Travaux Publics. Nommé Ministre du Tourisme en 2016, Roland Ratsiraka affiche de belles ambitions pour Madagascar. Nous l’avons rencontré lors du récent Festival des Baleines à l’île Sainte-Marie, il sera dans notre île fin août pour une opération séduction, le “Madagascar Promotion Tour”.


- Publié le Samedi 13 Août 2016 à 15:40

Roland Ratsiraka, le dynamique Ministre du Tourisme de Madagascar
Roland Ratsiraka, le dynamique Ministre du Tourisme de Madagascar
Neveu de Didier Ratsiraka, l’ancien président de la République, Roland Ratsiraka a été chef d’entreprise avant de se lancer en politique en 1996. Deux ans plus tard, il est élu député. En 2000, il devient maire de Tamatave.
Roland Ratsiraka va connaître une période compliquée après l’arrivée au pouvoir de Marc Ravalomanana en 2002. Il a été notamment suspendu de ses fonctions en 2002. Il est malgré tout réélu maire de Tamatave en 2004.
En 2006, il termine 2ème des élections présidentielles, mais en 2007, il est à nouveau suspendu de ses fonctions et arrêté. Il restera six mois en prison, “un moment de résistance” dit-il. Il fonde alors le parti MTS (Malagasy Tonga Saina). En 2013, il termine en quatrième position aux élections présidentielles, mais le gouvernement compose avec son parti en le nommant Ministre.
Aujourd’hui, Roland Ratsiraka fait le forcing pour développer le secteur touristique dans la Grande Ile. Entretien.
 

Roland Ratsiraka entend séduire la clientèle touristique en misant notamment sur la beauté des paysages et la biodiversité de son pays
Roland Ratsiraka entend séduire la clientèle touristique en misant notamment sur la beauté des paysages et la biodiversité de son pays
- Quelle est la situation actuelle du secteur du tourisme?
Difficile, car nous avons connu une baisse importante du nombre de touristes depuis quelques années. En 2008, nous avions accueilli 375 000 touristes, et après la crise politique de 2009, ce nombre est tombé à 160 000. Nous avons petit à petit remonté la pente et en 2012, nous avons enregistré l’arrivée de 255 000 touristes. En 2015, nous avons hélas constaté une nouvelle baisse avec 244 000 touristes.
Je vous donne un chiffre inquiétant pour nous: 60 000 Français sont venus visiter Madagascar l’année dernière, alors qu’ils étaient 160 000 il y a quelques années! 100 000 de moins c’est énorme.
 

 
- Quelles sont les raisons de cette baisse très significative et les pistes pour améliorer la situation?
Il y a d’abord eu la situation politique instable qui a prévalu pendant quelque temps, ce qui n’était pas rassurant pour les touristes. Aujourd’hui, Madagascar est un pays calme, tranquille, et la sécurité des personnes est assurée.
 
L’autre point négatif était la problématique des transports aériens avec Air Madagascar qui est restée longtemps sur liste noire européenne, ce qui a donné une très mauvaise image de notre pays à l’extérieur. La compagnie était la seule à assurer les vols intérieurs, ce qui a posé problème. Air Mad est sortie de la liste noire, il y a un projet de privatisation de la compagnie, projet que je défends contre vents et marées. L’Etat va rester actionnaire minoritaire, et je suis persuadé que cela va permettre à Air Mad d’évoluer. Plusieurs grosses sociétés malgaches ont été privatisées (banque, pétrole, téléphonie,…) et toutes ont réussi un développement sans précédent, avec des résultats en hausse en terme de management, de performance, de qualité. L’appel d’offres pour la privatisation d’Air Mad sera lancé avant fin 2016.
 
Je salue l’arrivée de Madagasika Airways, une compagnie privée qui a de grandes ambitions. Le ciel malgache est ouvert à toutes les compagnies, et nous allons mettre en place un “open sky” sur les vols intérieurs.
 
Il y a aussi les infrastructures à améliorer: aéroports (à Antananarivo, Diégo, Tamatave), routes (nouvelle route entre l’aéroport d’Ivato et Tana), autoroute entre Tana et Tamatave,…). Vous avez pu voir le nouveau et très moderne aéroport de l’île Saine-Marie, c’est un début.
 
Par ailleurs, nous allons travailler à la formation de professionnels du secteur et à l’éducation de la population. Nous avons signé récemment un accord portant sur une subvention de 2 millions de dollars avec l’OMC (Organisation Monidale du Tourisme), nous allons créer des centres de formation liés au tourisme.
Et il s’agit surtout de sensibiliser la population sur l’intérêt économique du tourisme, un secteur essentiel pour l’avenir de Madagascar.
 

Le Ministre avec son staff rapproché: Gérard Bemasy, conseiller, Claudia Lamarre, Chef du Protocole, et Achille Razafindramosa, directeur de cabinet
Le Ministre avec son staff rapproché: Gérard Bemasy, conseiller, Claudia Lamarre, Chef du Protocole, et Achille Razafindramosa, directeur de cabinet
- Et au niveau des hôtels?
Là aussi, je reconnais que les établissements hôteliers sont insuffisants et parfois pas aux normes internationales, il y a donc des efforts à faire. 
Nous devons promouvoir l’éco-tourisme. Nous possédons une richesse naturelle qu’il faut valoriser. Tourisme durable, biodiversité, beauté des paysages, c’est ce que nous devons mettre en avant.

Il s’agit aussi de promouvoir nos événements comme le Festival des Baleines qui a accueilli plus de 20 000 personnes sur 10 jours à l’île Sainte-Marie. Et il y a d’autres événements à faire connaître.   
Le programme “Madagascar Promotion Tour” est justement destiné à redorer l’image de notre pays. Il faut redonner confiance aux opérateurs touristiques et aux touristes pour aller de l’avant. Nous serons à La Réunion le 26 août pour un Madagascar Promotion Tour.
 
- On parle souvent de tourisme sexuel quand on évoque Madagascar…
C’est hélas vrai et nous combattons ce fléau. Quand ils n’ont pas d’espoir, les gens font n’importe quoi, le sexe devient un moyen facile de gagner de l’argent quand on n’a pas de travail. Le secteur touristique peut créer de nombreux emplois pour les jeunes.
 
 
- Quels marchés visez-vous particulièrement?
La Chine se réveille, c’est le pays qui dépense le plus dans le secteur touristique avec 165 milliards de dollars chaque année. 100 000 Chinois vont à Maurice chaque année, ils ne sont que 3 000 à venir chez nous. J’ai rencontré le Ministre du Tourisme chinois il y a deux mois, nous allons travailler sur le sujet.
Comme je vous l’ai dit, il s’agit de séduire à nouveau les Français, de métropole et de La Réunion. L’objectif est de doubler le nombre de visiteurs réunionnais.    
 
- Et les Iles Vanille?
On est une famille, et parfois dans la famille, certains n’ont pas réussi et les autres les soutiennent. Il faut nous soutenir. Des échanges entre les îles doivent se développer. 
 

Roland Ratsiraka reste un Ministre simple et accessible. Ici sur le terrain lors d'une visite d'un hôtel à l'île Sainte-Marie avec le directeur de l'établissement
Roland Ratsiraka reste un Ministre simple et accessible. Ici sur le terrain lors d'une visite d'un hôtel à l'île Sainte-Marie avec le directeur de l'établissement
- Vous avez de nombreux projets qui nécessitent des moyens. Le gouvernement vous soutient-il?
Le gouvernement a des difficultés mais il se bat pour les Malgaches. Il y a notamment des problèmes dans le secteur de l’électricité qui a été mal géré. L’intérêt de la population n’était pas une priorité à une certaine époque, d’où un retard à rattraper. L’Etat a du mal à investir mais on ne me met pas de bâtons dans les roues. Objectif affiché: recevoir 1 million de touristes en 2020, soit 4 fois plus qu’en 2015.
 
- Serez-vous candidat à la présidentielle de 2018?
On est en 2016, je me concentre sur mon travail au sein du Ministère, avec comme buts le développement du secteur et la création d’emplois. On évoquera ce sujet en temps utile.
 
Propos recueillis par Aziz Patel

 

Le Ministre à l'île Saine-Marie avec un élu lors du Festival des Baleines
Le Ministre à l'île Saine-Marie avec un élu lors du Festival des Baleines