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Réunion économique : "Les conséquences de la hausse du coût du fret pour la Réunion"



Par Marine Abat - Publié le Vendredi 27 Août 2021 à 18:11

Le Conseil Régional de La Réunion réunit ce vendredi 27 août les acteurs économiques de La Réunion, en présence du SGAR.

Face « aux attentes émises par les acteurs économiques quant à l’augmentation des prix des produits d’importation, notamment des matières premières, et à la hausse des coûts du fret maritime à La Réunion », la collectivité régionale partagera avec les acteurs économiques les constats d’une augmentation du coût des importations.
Elle apportera également dans la mesure de ses compétences, des réponses aux inquiétudes émises.

Elle interpellera enfin l’État sur la nécessité d’accompagner les entreprises dans un contexte de fin du « quoi qu’il en coûte » annoncée par le Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, et de crise sanitaire aiguë.
Dans un second temps, elle dressera les perspectives de création d’une compagnie maritime régionale.

I / LE CONTEXTE DE LA HAUSSE DU PRIX DE L’IMPORTATION

 
- UNE PÉNURIE DE MATIÈRES PREMIÈRES ET UNE AUGMENTATION DES COÛTS DUES AU CONTEXTE GÉOPOLITIQUE MONDIALE
Depuis la crise sanitaire de 2020, le trafic maritime mondial connaît des perturbations majeures avec des conséquences importantes sur la souveraineté alimentaire, la sécurité des approvisionnements stratégiques et le pouvoir d’achat.
La Réunion ne se retrouve pas épargnée par la situation à cause de son insularité et de son éloignement des grands pôles mondiaux, dont sa forte dépendance aux approvisionnements extérieurs (produits alimentaires et de santé).
Les prix des matières premières (alimentaire, agro-industriel, minéral) ont augmenté en moyenne de 25 % entre avril 2020 et avril 2021, avec des hausses pouvant atteindre + 91 % sur des produits tels que les métaux ferreux. Plus particulièrement, il est constaté une augmentation des coûts du fret maritime d’environ 30 % en provenance d’Europe, et des coûts multipliés par 2,5 pour l’Asie. Également les coûts du fret aérien ont plus que doublé.
En 2020, on enregistrait au bilan des Douanes 5,3 Mil-liards d’euros (-2,3 % par rapport à 2019) d’importations de marchandises pour 293 000 000€ (-18,8 % par rapport à 2019) d’exportations de marchandises. Soit un déficit de la balance commerciale hors services de La Réunion de plus 5 milliards d’€.
- LA REDÉFINITION DE LA DESSERTE MARITIME INTERNATIONALE
La très grande majorité des échanges de biens entre La Réunion et ses fournisseurs et clients extérieurs se réalise par voie maritime , soit 95,3 % contre 4,7 % par fret aérien.
La Réunion est desservie par trois grandes compagnies maritimes : CMA-CGM, MAERSK et MSC avec 9 lignes régulières. CMA CGM et Maersk ont annoncé fin juillet qu’elles n’escaleront plus à La Réunion pour la ligne entre le Moyen- Orient et l’Afrique du Sud afin de raccourcir les délais de rotation de leurs bateaux.
Ainsi, les « petits » volumes et donc chiffres d’affaires de fret maritime des îles du sud-ouest de l’océan Indien sont sacrifiés au profit des grands marchés.
- L’AUGMENTATION DES COÛTS DE STOCKAGE SUR LE TERRITOIRE
Les retards conséquents du fret à l’import et à l’export en-traînent l’obligation de surstocker pour éviter les ruptures d’approvisionnement, provoquant des coûts logistiques supplémentaires et soulevant des problématiques de capacité de stockage sur le territoire.

II / LES CONSÉQUENCES DE LA HAUSSE DU FRET DANS L’OCÉAN INDIEN POUR L’ÉCONOMIE RÉUNIONNAISE

 
Depuis le début de la crise COVID, les entreprises réunionnaises ont vu les hausses de prix des matières premières et des coûts de fret diagnostiquées des coûts supplémentaires. Leurs trésoreries et leurs productions se sont retrouvées ainsi, lourdement impactées par les effets collatéraux de gestion de leur activités avec :
- des retards conséquents du fret à l’import et surtout à l’export entraînant l’obligation de sur-stocker pour éviter des ruptures d’approvisionnement telles que l’île en a connu lors de la crise « Gilets jaunes », avec les coûts logistiques que cela implique, et les problématiques globales de capacités de stockage (au Port Réunion ou dans les entreprises importatrices) non extensibles à très court terme sur un territoire insulaire,
- des pénalités juridiques et financières liés à ces retards de livraisons, ainsi que commerciales avec la perte potentielle de clients,
- les risques sanitaires sur les matières périssables, notamment dans l’agro-alimentaire, avec des dates limites de consommation de plus en plus courtes, avec l’obligation d’assurer une sécurité alimentaire pour notre île avec l’importation de 40.000 containers 20’ annuels de produits alimentaires représentant 28M€ de fret (environ 700€/container en moyenne en 2018),
- l’impossibilité d’exporter les déchets et notamment des matières dangereuses telles que les batteries, en raison, d’une part de la suppression de la ligne reliant l’Inde et, d’autre part, de l’impossibilité de charger les conteneurs de déchets dangereux destinés à rejoindre la France hexagonale.
Ne pouvant seules supporter ces hausses de coûts de rendement sans mettre en péril leur équilibre financier déjà fortement fragilisé par la crise COVID, les entreprises ne pourront que répercuter sur les prix à la consommation et donc le pouvoir d’achat des réunionnais.

III / LES PISTES DE TRAVAIL À COURT/MOYEN TERME DE LA RÉGION RÉUNION

PRÊTS REBOND REACT UE
- Pour qui ?
Toutes Entreprises ou associations répondant à la définition de la PME européenne, existantes depuis au moins 1 an et affichant des fonds propres positifs à fin 2019. _ET bénéficiant d’une cotation BdF de 0 à 5
- Montant du prêt
De 30 K€ à 300 K€
Taux 0% sans garantie et sans frais de dossier
Différé de 2 ans
- Assiette
> Les besoins de trésorerie liés à la situation conjoncturelle
> L’augmentation du besoin en fonds de roulement
FONDS DE SAUVEGARDE 2 TPE ET ASSOCIATIONS
- Pour qui ? Toutes TPE existantes de moins de 10 salariés OU associations groupements d’employeurs associatifs entre 1 et 20 salariés de moins de 500K€ de réserve associative et dont l’activité est directement en lien avec les domaines de la culture, du sport, du tourisme, de la jeunesse, de l’éducation, de l’environnement, de la santé, de l’éducation populaire, de l’innovation sociale, de l’insertion et de la formation professionnelle, de l’insertion par l’activité économique, et/ou disposant d’une reconnaissance soit en tant qu’établisse-ment et service d’aide par le travail, soit en tant qu’entreprise adaptée.
- Montant du prêt
Forfait de 5000 à 10000 K€
Taux 0% sans garantie et sans frais de dossier
Différé de 1 an
- Assiette
Besoin de trésorerie entre 5.000 € et 30.000 € _Le bénéficiaire n’a pas accès à un prêt bancaire ni aux autres outils d’accompagnement proposés par l’État, la Ré-gion (prêt rebond, Fonds Garantie Régionale) ou les autres collectivités. Plus généralement, les autres outils d’accom-pagnement n’ont pas permis de satisfaire aux besoins de Trésorerie.
COMPENSATION DES SURCOÛTS FRET RENFORCÉS 2021-2022
- Pour qui ?
Toutes entreprises ayant une activité de production à La Ré-union. Entreprises commerciales si elles réalisent la totalité de leur chiffre d’affaires à l’extérieur sur des produits finis, fa-briqués, conditionnés ou montés à La Réunion par une autre société du groupe auquel elles appartiennent
- Montant du prêt
TAUX 100 %
- Assiette
La compensation des coûts du fret des intrants productifs et des extrants concerne les dépenses réalisées en 2021 et 2022, sur la base de commandes et d’expéditions réalisées à compter du 01/07/2020.
Nouveau : simplification importante par un système de coûts simplifiés dénommé BSCU (barème standard de coût unitaire) pour les acheminements par transport maritime à compter de 2021
 
Pour le prochain Programme Opérationnel FEDER 2021-2027, il s’agira de pouvoir redéfinir l’intervention de la collectivité régionale dans le financement des surcoûts du transport , notamment sur la possibilité de rendre éligible des matières premières pour lesquelles l’élargissement de l’approvisionnement via les pays tiers est posé, notamment s’agissant des produits de première nécessité (ex : farine, riz, huile, alimentation animale, lait en poudre).
La Région Réunion travaillera avec l’État, ce dernier ayant sous sa tutelle le Grand Port Maritime, afin de dialoguer avec les grandes compagnies maritimes et pouvoir venir en aide aux entreprises, au lendemain de l’annonce par le Ministre de l’Économie, de l’arrêt du dispositif « Quoi qu’il en coûte » dans un contexte de crise sanitaire aiguë.
Enfin, parmi les pistes de travail sur le moyen terme, une ré-flexion sera menée autour de la mise en place d’une compagnie maritime régionale qui va donner lieu à des échanges dans les prochains mois entre les partenaires privés et publics. Objectif : palier aux carences de l’initiative privée et des grandes compagnies maritimes. Il s’agira d’offrir un outil de transport adapté aux besoins des entreprises locales et régionales en dessinant les contours d’ un modèle économique rentable.