Le soleil tapait fort mais la bonne humeur était de mise. Les quelques 80 participants de l'association et d'autres clubs débutaient leur journée dés 9 heures: échauffement, raquettes, «poumse» (kata), «Hochinsool», techniques de combat plastron, tout y est passé, par petits groupes et en fonction des catégories.
Gérard Tayllamin passait d'un atelier à un autre, glissant quelques conseils et encouragements à ses troupes. La sueur coulait sur les visages, mais chacun tenait bon, les plus petits tentaient d'épater la galerie, car les parents et des amis assistaient aux entraînements immortalisés de temps à autre par les appareils-photos et les caméras. Pour 7Magazine.re, le jeune Cédric effectuait des coups de pied sautés spectaculaires du taekwondo. «Avec un échauffement adéquat, j'aurais pu tenter d'autres sauts», nous glissait-t-il à l'oreille.
Un 6ème dan au Kukkiwon de Séoul
Porté sur les fonts baptismaux en 1986, le Takwondo Club du Sud fête ainsi ses 30 ans d'existence. Gérard Tayllamin aujourd'hui 6ème dan, en est le père fondateur. Des 6ème dan, il n'y en aurait que trois dans l'île: Gérard Tayllamin, Philippe Bernard et Michel Carron.
C'est après plus de trois décennies de pratique passionnée pour cet art martial coréen que le patron du club saint-pierrois est arrivé à obtenir cette distinction délivrée par le Kukkiwon de Séoul, siège mondial du taekwondo. De nombreuses étapes ont marqué cette ascension, comme nous pouvons le constater sur son CV, avec des rencontres et des stages auprès de grands maîtres, dirigeants et athlètes nationaux et internationaux.
Pour les connaisseurs et dans le désordre, on cite Maître Lee Man Woo (7ème dan), Maître Bang Seo Hong (7ème dan), Maître Mo Lee Won Sik (qui est venu une dizaine de fois à La Réunion) , les champions José Rocamora, Mikaël Meloul, Jean-Claude Abdelkader, Maëva Coutant, Coraline Chaply, Jérémy Rivière (tous les quatre formés au club)...
Notre interlocuteur a pratiqué le surf pendant plus d'une vingtaine d'années. La crise requins a stoppé net son envie du grand large: «Le break était nécessaire».
Gérard Tayllamin a suivi avec grand intérêt l'évolution et le cheminement du taekwondo local et mondial, à travers la venue de nombreux experts sur notre sol, les démonstrations aux JO de Séoul, suivie de l'entrée officielle de la discipline aux JOI de Sydney. Des séjours, il en a fait en Corée et au Japon et si tout se passe comme prévu, il devrait se rendre à Séoul en mars 2017 à Séoul, à l'invitation de Maître Kwon, 9ème dan.
Gérard Tayllamin au sommet des montagnes
Taekwondo rime t-il avec ascension des montagnes? Car il faut savoir que Gérard Tayllamin qui courait beaucoup il y a une dizaine d'années de cela, a opté pour le trek , à son rythme personnel. Il s'est attaqué au Mont-Blanc par la voie des Cosmiques en 1998. Le début d'une série, dans la mesure où le Kilimandjaro (5 895m) et le Mont Kenya (5 200m), le Mont du Méru et du Doinyo Lengaï en Tanzanie (4 800m), le Mont Fuji (3 776m ) au Japon figurent sur son carnet de route dans la série «mission accomplie».
Sa dernière ascension remonte à 2015, le Djebel Toukbal qui est le plus haut sommet du Maghreb. «Je le fais par défi personnel. Je n'y vais pas tout seul, je fais appel à un guide». Toutes ces sorties sur les hauts sommets lui permettent sans doute de se ressourcer et de se retrouver face à lui-même. A l'exemple de ces grands maîtres d'arts martiaux qui s'isolent pour pratiquer, méditer en solitaire et trouver la Voie...
Roland Chane