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Greenpeace à La Réunion


Des héros de la mer
venus des 4 coins de la planète
Pêche illégale, surpêche du thon, le bateau de l'ONG Greenpeace a sillonné notre océan afin d'enquêter sur les méthodes de pêche intensive et dans l'espoir de réguler la pêche industrielle. L'Esperanza a d'ailleurs ouvert ses portes pendant deux jours sur le quai du Port Ouest, l'occasion pour les visiteurs de découvrir l'envers du décor. Embarquement immédiat avec François Chartier, membre de cet équipage hors du commun.C'est une première sur notre île, Greenpeace a jeté l'encre le 7 mai dernier au Port Ouest et vous étiez nombreux à avoir emprunté le ponton de ce navire de 72 mètres pour le visiter. A son bord, en tout, une trentaine de marins de 22 nationalités différentes. Originaires de l'Argentine, la Russie, les îles Fidji, en passant également par l'Alaska, l'Afrique du Sud, l'Australie, le Japon, la Bulgarie, et j'en passe, ces membres de Greenpeace ont un seul objectif: changer le mode de pêche industrielle dans la zone afin que les thoniers abandonnent la pêche à la senne qui déciment les populations de thons et qui représentent une menace pour la biodiversité.


- Publié le Jeudi 6 Juin 2013 à 13:31

Greenpeace à La Réunion
«Le plus passionnant, c'est le travail en haute mer»
 

En mission pour la campagne Océan, l'Esperanza a le même but que la CTOI, la conférence thonière de l'Océan Indien qui s'est déroulée à Maurice. «Après, il y a tout le travail politique, ce qu'on appelle du lobbying. Nous rencontrons l'administration des pêches, le Ministère, dans le but de faire passer des demandes. C'est tout un travail public» explique François Chartier, chargé de campagne Océan et chef de mission sur l'Esperanza.
Mais la partie la plus passionnante, confie François Chartier, c'est le travail réalisé en haute mer. «C'est là où on voit tout ce qui se passe réellement. Nous rencontrons les pêcheurs, et les filmons. Notre mission a commencé mi-mars au Sri Lanka. Ensuite, le bateau s'est dirigé vers le Canal du Mozambique, où nous avons fait une réelle escale à Diego Suarez pour changer d'équipage». Dans leur premier trajet, ils ont rencontré des bateaux qui pêchaient illégalement. Des Sris Lankais pêchaient dans la réserve des Chagos, et c'est là que leur mission prend tout son sens. Ils trouvent des cas concrets de pêche illégale et les rapportent aux autorités. 

Greenpeace à La Réunion
Direction ensuite le Canal du Mozambique, où ils ont réalisé des documentaires sur les activités de pêcheurs à la senne. L'idée, c'est de sensibiliser la population sur cette pêcherie que personne ne connaît. «En métropole par exemple, très peu de personnes savent qu'il y a 18 thoniers qui opèrent dans l'Océan Indien. Notre rôle, c'est de les faire connaître et de mieux comprendre les pêcheurs. Nous passons des heures à la radio à discuter et à échanger des informations avec eux» raconte le chef de mission.
A Maurice, l'Esperanza est même entrée en action. Un navire coréen pratiquait la pêche illégale. Le bateau a été alors peint de l'inscription «ILLÉGAL» dans le port de Maurice. Le gouvernement mauricien et l'industrie de conserverie de Maurice ont été contactés et cela a porté ses fruits. Le bateau coréen n'a pas pu décharger sa cargaison de poissons qui a été refusée par le gouvernement.

Greenpeace à La Réunion
Le transbordement en mer doit être totalement interdit
 Le panel de l'activité de ces héros de la mer est donc étendu. Un de leur cheval de bataille, c'est le transbordement en mer. «Cela se passe en haute mer, en dehors de toutes les eaux nationales. De grands cargos de congélateur attendent, en général, des bateaux de pêches asiatiques qui viennent transborder leurs poissons dessus en contrepartie de ravitaillements de nourriture et de matériels de pêche technique. D'une part, ce sont des bateaux qui restent parfois un an en mer dans des conditions de vie très difficiles. Et d'autre part, c'est impossible d'avoir une traçabilité du poisson. Nous demandons donc que le transbordement en mer soit totalement interdit.
Dans l'Océan Indien, leur mission s'est concentrée principalement sur la surpêche du thon effectuée par la pêche industrielle. La Sapmer, par exemple, est l'une des deux entreprises françaises de pêche industrielle dans l'Océan Indien. Celle-ci est basée sur notre île. En tout, la Sapmer possède 5 thoniers senneurs mesurant dans les 90 mètres. L'autre entreprise, elle, est basée aux Seychelles. Mais ce qui est pointé du doigt par Greenpeace, c'est leur mode de pêche et c'est pourquoi, l'ONG tire la sonnette d'alarme. 

Greenpeace à La Réunion
«La pêche à la senne, c'est un mode de pêche très intensive. En un seul coup, ce grand filet tourneur, appelé la senne, peut pêcher entre 10 et 100 tonnes de thons. Cette technique décime la population des thons, mais aussi d'autres espèces de poissons. Ils pêchent par exemple des espèces non ciblées comme des requins ou encore des tortues. Ce qui représente une menace pour notre biodiversité».
Ils ont donc discuté avec la Sapmer qui se dit prête à faire des pas en avant. C'est certes un travail de fourmis, mais l'enjeu de taille. «Il faut savoir qu'aucun thon de la pêche industrielle n'est débarqué ici à La Réunion car il n'y a pas de conserverie. Ces thoniers pêchent jusqu'en Somalie, et cela interagit sur tout l'écosystème. Au large des côtes réunionnaises, les artisans observent moins de thons et de plus petites tailles». 

Greenpeace à La Réunion
L'Esperanza n'a pas simplement accosté sur notre île, il a laissé des traces de son passage. Un groupe local et une antenne de bénévoles ont été créés. Une première dans un département français d'outre-mer, et c'est La Réunion qui a été choisie. Vous l'aurez compris, la pêche thonière sera donc au coeur de leurs préoccupations. Greenpeace veut faire de la pêche artisanale un exemple, en harmonie avec notre écosystème. Ils continueront à se battre pour un rééquilibrage dans le partage du volume de pêche, mais aussi en terme de bénéfice de la ressource. Une goutte d’eau dans la mer penseront certains face à l'immensité de nos océans qui recouvrent les deux tiers de notre planète, mais n'oublions pas que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
Audrey Lauret