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Monique Deslais Benard : actrice de son cancer pour survivre


L’histoire de Monique Deslais Benard est malheureusement celle d’environ 300 femmes par an à La Réunion… En mai dernier la vie de l’élue du Tampon a basculé brutalement suite à un verdict implacable : on venait de lui diagnostiquer un cancer du sein. Sa maladie, elle a choisi de la prendre à bras le corps, et d’avoir toujours un coup d’avance… Témoignage !


Par Catherine RONIN - Publié le Mercredi 23 Août 2017 à 10:55

Monique Deslais Benard, 44 ans alors, est une battante, ce genre de femme qui porte les autres et sur qui il est si bon de se reposer. C’est également une femme très engagée en politique au Tampon. 

" Si je n’avais pas été vigilante cela aurait pu tourner à la catastrophe "

L’engrenage infernal de la maladie a commencé début 2017. Sage femme de métier depuis 22 ans, par réflexe professionnel, elle pratique de temps en temps l’auto-palpation… Un premier réflexe qui lui a très certainement sauvé la vie. En réalisant ce geste, elle détecte une grosseur suspecte sur l’un de ses seins. Bien évidemment, elle va illico passer une mammographie qui ne révèle rien d’anormal, du moins c’est ce qu’on lui dit… Nous sommes en janvier.

Plus qu’intuitive cette mère de 3 enfants sent qu’il y a un problème et insiste très lourdement pour passer d’autres examens. La suite est violente ! Elle demande une ponction en février qui très vite va déclencher une biopsie et l’implacable diagnostic finalement en mai : un carcinome de stade 3. 



Monique prend les commandes de sa maladie et décide alors d’avoir toujours un coup d’avance. Elle raconte : « C’est une démarche très forte que de ne pas accepter un diagnostic. Je sentais les choses et savais que quelque chose n’allait pas. J’avais le choix entre rester passive -et me morfondre - et savoir. J’ai décidé  de me battre. J’ai eu le verdict d’un cancer du sein brutalement, en 30 secondes. Si je n’avais pas été vigilante cela aurait pu tourner à la catastrophe. L’apprendre, c’est comme si vous étiez dans un gratte-ciel et que vous faites une chute. Il y a un avant et un après.  ».


Monique Deslais échappe à la mastectomie totale, une chirurgie conservatrice certes, mais qui ne la dispense pas pour autant d’une chimiothérapie. Elle sait ce qui l’attend, et va alors mettre en place tout un plan de bataille face à la maladie… Elle témoigne encore : « j’ai rencontré de part mon statut des appuis, des réseaux et j’ai anticipé ma prise en charge. Je suis devenue actrice de ma maladie. J’ai dès le début dû insister pour que l’on pousse plus en avant les examens. Je ne jette pas la pierre au monde médical. Je dis juste que le fait de m’être écoutée m’a permis de gagner un temps vital ! ».

Baignant dans le monde hospitalier, Monique va une nouvelle fois prendre de court sa maladie… Cette battante va se tourner vers des malades, recueillir leur précieuse expérience et sera, à nouveau, dans l’anticipation. Elle découvre le Rézo Rose, un réseau de professionnels de santé qui améliore la vie des patientes et de leur entourage, un système financé par les fonds de la course rose Odyssea Réunion.  

Elle rencontre, avant même la première séance de chimiothérapie en vue de préserver son corps et son mental un acupuncteur, un nutritionniste, et un spécialiste en sociaux-esthétique qui va  préparer son visage à la perte des cheveux via une coupe intermédiaire… « Je suis allée à ce rendez-vous avec ma mère et ma fille. C’était très fort… Pour mon alimentation cela a été la même chose, je suis revenue aux produits lontan, ai éliminé le sucre de mon alimentation ainsi que toute la viande rouge. Actrice de ma maladie comme je le dis…  ».


 " Aujourd’hui je fonce sur les podiums avec ma perruque sur la tête "

Elue, femme politique, elle sait et connaît tout le poids de l’image. Dans ce monde de requins qu’est le sérail du pouvoir, elle ne veut pas laisser de place à sa maladie. « Aujourd’hui je fonce sur les podiums avec ma perruque sur la tête. Je veux montrer la place de la femme, me battre sur le terrain. J’y vais avec mes valeurs et mon engagement auprès de la population est plus que jamais au cœur de mes préoccupations. J’affronte le regard des autres ».
Elle insiste pour poser avec sa perruque, un regard des autres qu’elle assume aujourd’hui.

Monique Deslais Bénard entame sa troisième cure de chimio, puis viendra le temps de la radiothérapie, de l’hormonothérapie et, elle le sait, l’épée de Damoclès qu’est la perspective de la  récidive.

« J’ai trouvé en moi des ressources que je ne soupçonnais même pas. En politique je vais m’impliquer encore plus dans les semaines à venir. Après une telle épreuve, je n’ai plus peur de rien et je vais à l’essentiel. Lorsqu’on est malade, on n’a pas envie d’être regardée comme tel. Accepter sa maladie, en parler c’est déjà guérir un peu. Il ne faut pas tout attendre des autres et agir. 
J’ai été portée également par ma foi et surtout pas l’amour inconditionnel que j’ai reçu, et que je continue à recevoir de mes proches, de mes amis et des gens. Je ne suis plus la même, je me sens plus forte… Le fait de suivre mon intuition m’a sauvée. Je savoure chaque moment
».