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Le divorce gris : quand les séparations touchent les seniors


Le divorce n’est plus uniquement l’affaire des jeunes générations. Depuis plusieurs années, on observe une augmentation des séparations chez les couples de plus de cinquante ans, un phénomène que les sociologues ont baptisé le « divorce gris ». Ce terme, apparu aux États-Unis, fait référence aux cheveux grisonnants de ceux qui décident de tourner la page d’un mariage parfois long de plusieurs décennies.


Par Chloé Grondin - Publié le Lundi 18 Août 2025 à 14:18

Les causes de ces ruptures tardives sont multiples. L’entrée à la retraite, qui bouleverse le rythme du quotidien, peut mettre en lumière des divergences jusque-là masquées par la vie active et l’éducation des enfants. Lorsque la maison se vide et que le temps passé ensemble s’allonge, certains découvrent qu’ils n’ont plus les mêmes envies ni les mêmes projets. L’évolution des mentalités joue également un rôle : le divorce n’est plus perçu comme un échec irréparable, et beaucoup osent aujourd’hui chercher un nouveau départ même après cinquante ou soixante ans. À cela s’ajoute l’allongement de l’espérance de vie : à un âge où autrefois l’horizon semblait limité, il reste désormais plusieurs décennies devant soi, assez pour envisager une autre existence.

Les conséquences de ces séparations tardives ne sont pas neutres. Sur le plan économique, la rupture peut fragiliser, surtout quand les pensions de retraite sont modestes. Psychologiquement, elle suscite parfois un profond sentiment de solitude, mais elle peut aussi offrir une sensation de libération et de renaissance. Les enfants adultes, souvent déjà installés, se trouvent eux aussi bousculés, contraints de redéfinir leur relation avec chacun des parents.

Pour autant, le divorce gris ne signifie pas nécessairement la fin d’un cycle uniquement sur une note amère. De nombreux témoignages évoquent une nouvelle liberté, la possibilité de voyager, de s’investir dans des activités longtemps repoussées, voire de reconstruire une relation amoureuse plus épanouissante. Ce phénomène reflète une évolution des mentalités : à tout âge, il est désormais possible de choisir de transformer sa vie et de ne pas se résigner à une situation insatisfaisante.

Mado témoigne, elle qui a décidé de partir après 32 ans de mariage :

« Lorsque j’ai pris ma retraite à 60 ans, je pensais que ce serait le début d’une nouvelle vie à deux. J’imaginais que nous voyagerions, que nous profiterions de nos petits-enfants et que nous prendrions enfin le temps de savourer les choses simples. Mais la réalité a été tout autre. Très vite, je me suis sentie enfermée dans une routine étouffante. Mon mari et moi n’avions plus rien à nous dire, nos centres d’intérêt étaient devenus totalement différents et je me suis rendu compte que nous vivions plus côte à côte qu’ensemble.
 

Pendant des années, j’ai mis mes envies de côté, d’abord pour les enfants, ensuite pour mon travail. À la retraite, j’ai eu le temps de réfléchir et j’ai compris que je ne voulais pas passer le reste de ma vie dans une relation où je ne me reconnaissais plus. Ce n’était pas une décision facile : après 32 ans de mariage, j’avais peur du regard des autres, peur de la solitude et aussi de la fragilité financière que cela pouvait entraîner. Mais je me suis dit qu’il valait mieux affronter ces incertitudes que de rester dans une situation où je n’étais pas heureuse.
 

Aujourd’hui, cela fait deux ans que nous avons divorcé. Je ne prétends pas que tout est simple, mais j’ai retrouvé une forme de liberté. Je voyage avec des amies, je fais partie d’un club de lecture, et surtout, je n’ai plus ce sentiment de subir ma vie. Je ne regrette pas mon choix. Au contraire, je me dis qu’il n’est jamais trop tard pour se réinventer. »