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Jean-Bernard Thomas, chanteur lyrique


C’est l’histoire d’un don, d’une tragédie mais aussi d’un destin... Madame Aude connaît Jean-Bernard Thomas depuis son enfance et a d’emblée souhaité le voir figurer en bonne place dans ses coups de cœur. Ce chanteur lyrique, à la voix exceptionnelle, a fait une carrière fulgurante, portée au firmament très vite avant qu’une tragédie, la mort accidentelle de son frère, qui était son pygmalion ne vienne modifier le cours de son existence.
Issu d’une famille d’amateurs d’opéra, Jean-Bernard Thomas décide de quitter notre île en 1986, sous l’impulsion de son frère pour assister en auditeur libre à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Le ténor part ensuite parfaire sa formation à Modène en Italie, travailler avec Arrigo Pola, le maître de Lucino Pavarotti. Il se perfectionne ensuite auprès des plus grandes références internationales des ténors verdiens tels Carlo Bergonzi ou encore Alfredo Kraus. L’artiste se produit alors sur de grandes scènes internationales dont l’exceptionnelle Scala de Milan. Après une audition à l ‘Opéra de Liège devant Placido Domingo, il est invité par celui–ci à interpréter Andréa Chenier de Giordano, Il Tabarro de Puccini et Aïda de Verdi. Frappé de plein fouet par le décès brutal de son frère cadet, il revient à La Réunion et met un terme à sa carrière. Aujourd’hui il se partage entre sa passion de l’opéra et sa connaissance approfondie de la connaissance vocale. A la tête de l’association Il Bel Canto, il s’attelle à la promotion de l’art lyrique dans la région à travers des concerts soutenus par différents mécènes de l’Ile de La Réunion.
Leur rencontre
Pas le temps pour Jean-Bernard Thomas de répondre, Madame Aude tient à prendre la parole, elle a des choses à dire: « Je connaissais ses parents qui avaient un hôtel. J’ai le souvenir de deux frères qui aidaient, Jean-Bernard était aux ordres de son frère... Les parents recevaient extrêmement bien, il y avait un grand raffinement...Leur éducation était parfaite. Puis nous nous sommes perdus de vue jusqu’à ce que le drame advienne. Il n’acceptait pas... C’est ce qui m’a attirée, le fait de ne pas accepter, tout en faisant semblant. Ca aurait pu être mon garçon! Il arrive à cacher cette souffrance par une passion et à avoir un manque qu’il masque. Mais de temps en temps on voit qu’il s’échappe, même pendant un spectacle. C’est pour ça que mi aim a li. Il n’est pas là avec l’argent. Il aurait pu faire une carrière exceptionnelle mais a décidé de tout stopper par la non acceptation de la perte de ce frère tant aimé».

Les questions de Madame Aude
Comment pouvez continuer avec tout le mal que vous avez pour trouver des sponsors?
C’est la passion qui m’anime. Certes parfois il est difficile de rallier les sponsors mais j’ai toujours été commercial et cela m’aide. Cela fait presque trois ans que je porte Il Bel Canto, nous avons fait 10 représentations, je remercie ces sponsors. Les gens qui ont assisté à un spectacle de Il Bel Canto nous sont tous fidèles... Je suis perpétuellement à la recherche de qualité. Je me souviens un soir je chantais à Bologne, j’ai fait une fausse note, je suis parti, n’ai pas salué... Je suis toujours très perfectionniste, j’ai horreur de la médiocrité...
L’envie de participer ne vous taraude t-elle pas? Vous pourriez faire un petit effort!
Beaucoup de gens me demandent. Je n’ai plus la flamme, c’est difficile sans ce besoin. J’aurais pu aller très haut. L’enseignement m’apporte des satisfactions aujourd’hui et me prend beaucoup de temps
Ce n’est pas un faux prétexte?
Je n’ai pas envie d’avoir une faiblesse ce jour là. Et puis en donnant des cours, je dois reproduire des défauts de mes élèves, que j’imprime, j’ai beaucoup de travail à faire avant de me reproduire. Mais de temps en temps l’envie me prend. Si je reprends, j’arrêterais les cours... Je n’ai pas dit un non ferme et définitif. J’arrive actuellement à une étape ou je regrette d’avoir abandonné ma carrière, je sens l’envie revenir.
Comment vit un ténor?
Pour la voix, je dois dormir 8h ... J’évite les excès même si je suis un grand épicurien, amateur de bons vins et j’écoute régulièrement de l’opéra. J’ai eu la chance d’avoir une voix et ce grâce à mon frère qui m’a poussé à la travailler, à la faire fructifier... Financièrement il m’a toujours soutenu, tous les sacrifices étaient possibles pour que je puisse faire une carrière. L’argent ne devait pas être un obstacle selon lui. C’est beaucoup de travail aussi. Mon but était de mettre les pieds à La Scala de Milan et je l’ai fait en chantant la Traviata de Verdi.

Savez vous que je vais vous enquiquiner tout le temps que je peux pour vous entendre chanter?
Je vais vous prendre au mot et un jour le ferai, je vais remettre les pendules à l’heure!
Madame Aude: N’attendez pas que je meure quand même! D’ailleurs un jour vous allez me faire plaisir, vous chanterez l’Ave Maria à mon enterrement...
Je vous le promets!
Madame Aude: Vous êtes vraiment mon coup de cœur car vous êtes local, un peu métissé avec nos voisins mauriciens. Et quant on a la chance d’avoir un Réunionnais avec un don comme le votre, il faut le faire connaître...


- Publié le Mardi 9 Avril 2013 à 06:00

Jean-Bernard Thomas, chanteur lyrique