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Comment contrer une mère pervers narcissique ?


Vivre sous l’emprise d’une mère pervers narcissique est une épreuve psychologique dont il est souvent difficile de sortir. Entre manipulation, culpabilisation et domination affective, le lien maternel, censé être protecteur, devient une source de souffrance. Comprendre ce mécanisme et apprendre à s’en libérer est pourtant possible, à condition d’accepter la réalité du comportement toxique et de reprendre peu à peu le contrôle de sa vie.


Par Chloé Grondin - Publié le Mercredi 29 Octobre 2025 à 15:13

La perversion narcissique se caractérise par un besoin constant d’admiration, une absence d’empathie et un usage systématique de la manipulation pour asseoir son pouvoir. Dans le cadre familial, la mère pervers narcissique transforme la relation avec son enfant en un jeu d’emprise émotionnelle. Comme l’explique la psychologue clinicienne Marie-France Hirigoyen, auteure de Le harcèlement moral, elle ne voit pas son enfant comme un être autonome, mais comme une extension d’elle-même. Son amour est conditionnel, accordé uniquement lorsque l’enfant correspond à ses attentes, et retiré dès qu’il s’affirme ou s’éloigne.

Ce type de relation se manifeste souvent par des critiques déguisées en conseils, des humiliations subtiles, ou encore par un discours paradoxal qui trouble la perception de la victime. En public, cette mère peut se montrer charmante, attentionnée et irréprochable, mais en privé, elle rabaisse, culpabilise et déstabilise. Tout désaccord est perçu comme une trahison, et toute réussite personnelle de l’enfant est minimisée ou récupérée à son profit. Peu à peu, l’enfant grandit dans la peur de déplaire, convaincu qu’il doit mériter l’amour maternel.

Les conséquences sont profondes. Devenus adultes, ces enfants développent souvent une faible estime d’eux-mêmes, un sentiment d’imposture et une peur constante du rejet. Le psychiatre Christophe André souligne que ces personnes sont souvent « hyperadaptées », toujours soucieuses de plaire et incapables de dire non, car elles ont appris que leur valeur dépendait du regard de l’autre. La confusion émotionnelle est telle qu’elles peuvent culpabiliser d’avoir une mère destructrice, ou même d’éprouver de la colère envers elle.

Pour s’en sortir, la première étape consiste à reconnaître la manipulation. Mettre des mots sur ce que l’on vit permet de sortir du déni. Il ne s’agit pas d’accuser, mais de comprendre que la relation est déséquilibrée et toxique. La seconde étape est d’accepter que cette mère ne changera pas. Attendre une reconnaissance, un pardon ou un véritable amour maternel revient à entretenir l’illusion sur laquelle repose l’emprise.

Poser des limites devient alors essentiel. Cela passe par un discours clair, sans justification excessive, et par une distance émotionnelle. La méthode dite du « grey rock », ou pierre grise, consiste à ne plus nourrir le jeu du manipulateur : répondre de manière neutre, sans colère ni émotion, pour devenir inintéressant aux yeux de celle qui se nourrit de la réaction de l’autre. Dans certains cas, la seule solution durable reste la mise à distance, voire la rupture de contact, lorsque la toxicité devient insupportable.

La reconstruction passe ensuite par un travail personnel, souvent accompagné d’une thérapie. Retrouver son identité propre, comprendre que l’on n’est pas responsable du comportement de l’autre et réapprendre à s’aimer sont des étapes indispensables. 

Contrer une mère pervers narcissique, ce n’est pas la vaincre, mais se dégager de son emprise. C’est refuser de jouer son jeu, refuser de se laisser définir par son regard, et choisir enfin sa propre liberté intérieure. La seule manière de gagner face à un manipulateur, c’est de sortir du jeu. Se libérer, dans ce contexte, c’est avant tout apprendre à vivre pour soi, et non plus pour celle qui a voulu contrôler l’amour.