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Cécile Dupré, présidente de la SNSM de Sainte-Marie


Ce sont des inconnus, ce sont des people mais ce sont avant tout les coups de cœur de Madame Aude. Dans cette nouvelle rubrique, Madame Aude met en avant des gens discrets, des anonymes, ou des figures de La Réunion, qui sont avant tout des gens qu’elle admire... Il fallait s’en douter, ses choix sont très hétéroclites, en grande adepte de la diversité, et souvent très surprenants. Les interviews sont menées d’une main de maître par Madame Aude en personne qui n’a pas son pareil pour mettre en exergue les talents cachés de ses coups de cœur.


- Publié le Lundi 13 Mai 2013 à 15:13

Crédit photo: Brice Wong Tze Kioon
Crédit photo: Brice Wong Tze Kioon
Cécile Dupré, présidente de la SNSM de Sainte-Marie
Cette femme a eu plusieurs vies, un parcours incroyable, dont le fil conducteur est une pugnacité hors normes. Réunionnaise, elle a quitté pendant de nombreuses années notre île, afin d’y revenir comme une évidence. Un bac littéraire en poche, elle sera agrégée d’anglais... Par amour, elle suivra son mari, éleveur de chevaux arabes et  purs sangs et connaitra alors une vie extraordinaire... Les championnats du Monde, d’Europe avec ses chevaux, elle y mettra toute son énergie... Une banqueroute ensuite, une séparation. Si elle a accepté de répondre à l’invitation de Madame Aude, qui a exigé qu’elle vienne en uniforme, et de  se mettre en avant, c’est pour un nouveau combat. Le bateau de la SNSM de Sainte-Marie (Société de Sauvetage en Mer), association qui repose uniquement sur du bénévolat,  recherche d’urgence 25 000€ afin de réparer un moteur défectueux. Nommée il y a un an à la présidence de la SNSM de Sainte-Marie, et pour une durée de 6 ans, Cécile Dupré est prête à relever le défi. Le sauvetage en mer, le sauvetage de la vie humaine est par tradition gratuit et repose sur la fameuse solidarité des gens de la mer, et c’est certainement cet état d’esprit qui la porte. (ndlr :Seuls les remorquages sont payants)... La belle Cécile Dupré n’en revient pas de la solidarité dont les fournisseurs font preuve vis-à-vis de son association, lui permettant de payer lorsque la trésorerie le lui permettra. Les Anges de La Mer ne pouvaient qu’interpeller Madame Aude, et Dieu sait pourtant si elle n’a pas le pied marin!
 

Crédit photo Stéphane Bommert
Crédit photo Stéphane Bommert
Les questions de Madame Aude

Comment es-tu arrivée à la tête de la SNSM de Sainte-Marie, toi une femme ?
En 2004, après des péripéties personnelles, je suis revenue à La Réunion, alors que je n’y avais pas mis les pieds depuis plus de 27 ans.Ca a été comme une évidence, c’était ma maison. Ma mère n’a jamais coupé les racines avec notre île. Elle nous a fait vivre à La Réunio, même si nous étions à Nîmes. La SNSM est arrivé par hasard…C’est un métier ou il faut que les hommes se connaissent, car un sauvetage ne peut fonctionner que si les hommes fonctionnent ensemble. J’ai dû être choisi pour mes qualités de chef d’orchestre. Personne ne doit avoir d’état d’âme et il faut accepter d’être au bas de l’échelle à bord. Certains se rebellent et là ce n’est pas possible. La mission prime avant tout. Je leur ai bien dit «Vous m’avez voulu, vous allez m’avoir».Dans mon recrutement, je veux qu’il y ait des créoles, 50% des équipages le sont. Un marin créole connaît par cœur sa mer.
Comment es-tu passée des chevaux à la mer?
Avec ma maitrise de l’anglais, une agence de voyage m’a demandé d’accompagner des groupes en Afrique du Sud. Lors d’un voyage, j’ai rencontré quelqu ‘un qui était à La SNSM. Ma sœur a épousé un Amiral, c’était ma seule connaissance du monde de la mer. C’était il y a 5 ans. Ensuite on m’a proposé d’intégrer la SNSM et j’ai commencé à naviguer. Ils m’ont tout appris, au bas de l’équipage en tant que mousse.

Crédit photo Stéphane Bommert
Crédit photo Stéphane Bommert
N’est-ce  pas une affaire de zoreille le bateau?
Les Réunionnais se réapproprient la mer. Mon patron d ‘équipage, Daniel Boyer plonge depuis qu’il a 7 ans. Les marins réunionnais connaissent la mer mieux que quiconque... Ici l’Océan est hyper meurtrier et ne pardonne pas. Mon patron d’équipage est capable d’être tous feux éteints et de donner la profondeur. Je me souviens d’une nuit, on a mis le GPS, 82 m, il avait raison, connaissait le lieu, il avait plongé là... Ils sont capables de naviguer les yeux bandés, ils le font vraiment. C’est hallucinant! Lorsque tu es en équipage, qu’il y a des vagues de 6 ou 7 mètres, tu ne vois plus La Réunion. Lui connaît sa mer, son Océan, il est tranquille, serein. Il est capable de te dire précisment où tu te trouves. Il défend son équipage sur son océan. Il sent les courants qui changent sous son bateau. Ces mecs, je suis fière d’eux, ils sont extraordinaires. J’essaye et je dois être l ‘élément fédérateur.
Que représente la station de la SNSM de Sainte-Marie?
C’est une charge énorme. Ils cherchaient quelqu’un pour fédérer car il y avait des conflits à l’époque. Je n’ai fait aucune carrière dans la marine...
Tu n’as pas été candidate?
Jamais. Toutes les responsabilités de la station doivent être attribuées à quelqu’un. Le bateau coûte plus de 600 000€, la SNSM de Sainte-Marie représente plus de 35 hommes, c’est un travail à temps plein en tant que bénévole. Quatre équipages se relaient 24h/24 qui sont capables d’embarquer en moins de 30 minutes. C’est énorme tout ce que j’ai dû apprendre, et dois encote apprendre. Je me souviens d’un coup de téléphone d’un pilote d’hélicoptère de la Marine qui parlait dans son jargon. Je lui ai posément dit que je ne connaissais rien, il a repris calmement... Les hommes ont un côté j’arrive avec la trousse de secours qui me sert bien.

Quel est ton plus beau souvenir?
Lorsque l’on ramène des gens qui vont mourir. C’est formidable de revenir avec  des vivants. Nous ne sommes pas des vaniteux, les Anges de la mer est notre surnom. C’est tellement formidable de retrouver des gens en perdition. Les patrons acceptent des missions de sauvetage lorsque le CROS nous déclenche, ce qui représente environ 20 sorties par an.
Madame Aude: Ce sont des bénévoles, des gens de La Réunion et d’ailleurs impliqués dans la vie de leur île, qui répondent toujours présents quelques soient les moyens financiers. Etant donné l’utilité de La SNSM, il est honteux que l’on ai besoin de mendier pour réparer un bateau qui va aller sauver des vies. C’est inadmissible!
Cette interview pourrait-elle faire office d’appel aux dons?
C’est triste d’en arriver là. Jamais nous ne laisserons tomber ce bateau. Ce n’est pas le moment. Quel est le prix d’une vie humaine? Combien cela vaut il de ramener quelqu’un de vivant? Si un avion rate la piste de Gillot, nous serons les premiers sur le site… Un bateau de l’armée peut mettre jusqu’à 6h pour arriver, et la vedette des pompiers n’est pas habilité pour ce genre de sauvetage. Et puis nous faisons gager des milliers d’euros aux collectivités en prenant en charge les évacuations sanitaires. Mon message est simple, nous vivons dans une ile avec un océan particulièrement difficile, et dangereux ,et plus nous aurons un développement des activités nautiques et plus il faudra assurer la sécurité.
Madame Aude: J’ai quelqu’un de ma famille qui s’et noyé et à partir de là j’ai détesté la mer. J’ai accepté d’être la marraine du bateau de la SNSM de Saint-Gilles. Ce sont des bénévoles qui sauvent des vies, les pompiers de la mer et je tenais à les mettre en avant.
 Pour contacter la SNSM de Sainte-Marie 06 92 879 880
Cécile Dupré, présidente de la SNSM de Sainte-Marie