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Pour l'action culturelle

par Marc Kichenapanaïdou - Président du G.R.A.H.TER



Par A P - Publié le Lundi 4 Mai 2009 à 15:21

Audiovisuel

Pour l'action culturelle
En matière d’audiovisuel, de presse, mais aussi d’édition de livres ou de phonogrammes, les prochaines années verront s’accentuer considérablement les regroupements industriels et financiers de la part de partenaires extrêmement puissants.
L’Etat et les collectivités doivent faire prévaloir la nécessité d’un traitement spécifique des productions culturelles, ce qui n’est nullement contradictoires avec la priorité européenne. Complémentaires à ces quatre projets, trois moyens, indissociables l’un de l’autre m’apparaissent devoir être privilégiés: promouvoir une clarification et une nouvelle répartition des rôles entre l’Etat, les collectivités locales, le secteur privé et le tissu associatif.
Cet enjeu suppose à la fois qu’on veuille:
- réaffirmer la vocation de l’Etat et des collectivités en tant que structures nationales,
- réorienter les moyens et rééquilibrer les interventions entre Paris et les régions d’outre-mer,
- réfléchir aux conditions d’une nouvelle donne du processus de décentralisation accentuée,
- redéfinir les limites et les moyens de l’intervention de l’Etat et des collectivités en matière d’aide aux industries culturelles et d’intégration européenne.

Archéologie

Le G.R.A.H.TER avec le concours de l’Université de La Réunion, du Rectorat, de l’UNESCO, du Conseil Régional et du Conseil Général, a organisé une «Première conférence internationale sur les Archéologies de l’Océan Indien» du 18 au 23 septembre 2000.Cette première rencontre a réuni à La Réunion 30 spécialistes de différents horizons travaillant en archéologie dans l’Océan Indien et au-delà. 12 pays étaient présents: l’Afrique du Sud, la Colombie, les Comores, la Tanzanie, la France, Mayotte, La Réunion, l’Inde, Madagascar, le Kenya, le Pakistan, le Sri Lanka. Le choix de La Réunion comme lieu de rencontre correspondait à une volonté du G.R.A.H.TER de mieux connaître les chercheurs et les recherches archéologiques dans différentes régions de la zone.

Il a également permis d’envisager des voies de recherche pour la connaissance du passé de l’île dans son contexte régional.L’occupation humaine de La Réunion semble récente d’après les sources écrites utilisées pour rédiger son Histoire. Et lorsqu’elle fut occupée, seule une partie de sa population a pu écrire cette Histoire. Ainsi, pour le passé pré-européen de l’île, nos connaissances sont ténues et pour le passé le plus proche une grande partie des populations nouvelles est restée sans passé, sans Histoire, sans mémoire.

­­Les archéologies de l’Océan Indien et autres ont montré la diversité des apports culturels régionaux, les étendues explorées par les navigateurs et la circulation des idées et des techniques dans ce vaste espace. Cette conférence a été une magnifique occasion de débats et d’échange des savoirs.

Trois constatations préalables

- Les ministres de la Culture des différents Etats de l’Océan indien ne se sont jamais rencontrés de manière officielle (à l’exception de leurs services techniques). Concernant La Réunion, un protocole a été signé avec le ministère de la Culture mauricien, et ce protocole est presque essentiellement consacré aux échanges scolaires et universitaires, les échanges culturels se limitant à la programmation de quelques spectacles.

- Les différents Etats disposent tous, d’équipements de diffusion culturelle, soit nationaux, soit dépendant d’ambassades étrangères. On pourrait citer en exemple les moyens des centres culturels français de l’Océan Indien, auxquels s’ajoutent ceux de l’ODC (Office Départemental de la Culture) lors de ses tournées.

- En revanche, les niveaux et les moyens des équipements culturels traditionnels (bibliothèques, musées, archives…) sont si différents que seule une étude particulièrement affinée permettrait de définir les conditions d’une réelle collaboration avec nos partenaires. Enfin, les structures de formation sont balbutiantes.

Coopération régionale

Les grandes lignes de la coopération régionale en matière culturelle se dessinent d’elles-mêmes. Il est important d’agir vite:
1) faire l’inventaire des structures culturelles existantes et des différents moyens nécessaires à leur fonctionnement, ainsi que leurs besoins en formation
2) mettre en commun les réflexions et les expériences des différents services habilités à promouvoir l’action culturelle (ministère de la culture, collectivités territoriales et locales, organismes et associations). Cela permettrait de définir des priorités et les financements d’une collaboration des pays de la zone Océan Indien et autres
3) établir un calendrier d’actions sur plusieurs années Si l’on voulait faire le bilan à ce jour de la coopération régionale en matière culturelle, on s’apercevrait qu’il est plutôt modeste: les échanges en général restent enfermés dans les limites du «folklore». L’un ou l’autre festival a tenté la carte de l’internationalisme. Mais des embryons de colloques sur l’action culturelle en ont démontré la pauvreté et l’inefficacité.
En effet, des manifestations organisées en commun faisaient davantage appel aux bons sentiments, au plaisir de la fraternité et de la convivialité, qu’à un besoin de confrontation des expressions culturelles et d’émulation au niveau des recherches esthétiques.

Proposition d’un plan d’action

Quatre projets nous paraissent aujourd’hui pouvoir orienter prioritairement l’action du Ministère de la Culture et des Collectivités:
1) mettre en chantier une réflexion sur le rôle, la place et l’organisation des institutions du secteur culturel. Cette réflexion ne concernerait pas seulement ce que l’on appelle les grands projets même si la réflexion sur leur mode de fonctionnement a été beaucoup trop embryonnaire dans la dernière décennie. C’est de manière plus globale encore que devrait être menée cette réflexion: parvenues à un stade de leur développement qui provoque une crise de leur gestion, les institutions culturelles sont aujourd’hui confrontées à une échéance majeure qu’il convient de préparer, penser ou repenser les institutions en outre-mer d’avant la crise.
2) donner la priorité à une action contre toutes les formes nouvelles d’exclusion et de régression culturelle. Cette politique privilégierait la formation, aussi bien celle des professionnels que celle des élèves, des enseignants et du public.
3) intégrer la dimension européenne dans la politique nationale de développement des industries culturelles.
4) l’archéologie.
5) la mémoire: l’histoire de notre pays se trouve à travers nos anciens. Il faut faire une récolte de leur mémoire, indispensable pour comprendre l’histoire de notre peuple.

En guise de conclusion, les Etats Généraux ont oublié les actions culturelles et pourtant tout est culturel dans la vie. Se détacher le culturel, pour s’occuper uniquement du social, des constructions, de l’économie… il y a un manque pour le développement, l’épanouissement d’un pays. Comme le dit si bien notre grand écrivain Victor Hugo: «Celui qui ne s’occupe pas de la culture, c’est la culture qui s’occupe de lui». C’est valable aussi dans les autres domaines.

A travers ce texte, voilà quelques pistes que nous aimerions trouver à travers le débat des Etats Généraux.