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…Le «carnaval des autres»



Par A P - Publié le Lundi 18 Mai 2009 à 13:49

…Le «carnaval des autres»
Le 19 février de cette année, à l’Elysée, le Président de la République annonce, devant un parterre de parlementaires et d’élus de «l’outre-mer», surpris sinon médusés, la tenue des «Etats généraux de l’outre-mer». Etats généraux: voilà qui renvoie à l’Histoire. L’Histoire de France et plus précisément de la Grande Révolution de 1789. 220 ans plus tôt en effet, le 14 janvier 1789, le roi Louis XVI signe la lettre de convocation des Etats généraux, à Versailles. «Nous avons besoin, dit le roi, du concours de nos fidèles sujets pour nous aider (…) tant pour nous conseiller et nous assister (…) que nous faire connaître les souhaits et doléances de nos peuples». La date de ces Etats généraux est ainsi fixée au 5 mai de la même année 1789. On en connaît la suite: ils vont être le point de départ de la grande Révolution qui va enfanter de la République. L’actuel Président de la République a-t-il «besoin du concours de (ses) fidèles sujets» de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de La Réunion? Rien n’est moins sûr.

Les Etats généraux de 1789 couvaient en fait depuis près d’une année, puisque dès la mi 1788 le roi en avait arrêté le principe. Tant les affaires de la France allaient mal. Ici, c’est presque par surprise que le président a annoncé son affaire. De plus, il y eut ces fameux «cahiers de doléances» recueillis dans tout le royaume afin de «faire connaître (au roi) les souhaits et doléances de nos peuples», et qui allaient alimenter les débats des quelque 1 130 députés réunis à l’occasion de ces Etats généraux. Cette fois, rien de tout cela. Au-delà de toute la rhétorique déversée depuis le 19 février, tout étant conçu d’en haut, le débat se limitera à un conciliabule d’«experts»: une sorte de conférence de cerfs-volants, reliés au sol par un fil et sensés représenter le «peuple».

Quid du quotidien? Du vivre au jour le jour avec quelques centaines d’euros? Du travail devenu produit rare, pour ne pas dire de «marché noir»? Rien de tout cela, et sans en tenir compte on construit l’Avenir, à 20, 30 voire 50 ans. En attendant…«cabris i mange salade»! L’habitant de Mafate, celui des quartiers populaires, les chômeurs, tous les largués du système, où sont-ils dans tout ça? Dans les vavangues! Sur le bord de la route! Ils n’ont pas internet, et du coup pas la parole. Ils doivent se contenter de regarder passer la caravane (pour ne pas dire lorgner de loin ce caravansérail!...) des Etats généraux. Et faire confiance… comme toujours. Mais jusqu’à quand? Une occasion, en tout cas, est ratée. Mais voulait-on vraiment, de Paris, et plus précisément de l’Elysée, voire de Matignon et d’une manière plus générale de l’outre-mer sur Seine, véritablement s’en saisir? On a beaucoup parlé ici et là de décolonisation. N’est-il pas nécessaire de décoloniser, aussi, le colonisateur pour que la colonisation soit achevée? En tout cas n’était-il pas plus simple d’appliquer le droit et de respecter la loi au lieu de faire un atelier pour discutailler de «la rénovation du dialogue social»? N’était-il pas plus simple et plus efficace que l’Etat mobilise ses services et tous les moyens à sa disposition afin de faire toute la clarté sur les prix et notamment ceux des carburants? Non, là encore on a préféré ces Etats généraux et confier le travail à un atelier. Comme on l’avait fait avec le fameux «observatoire des prix». Voilà qui risque, en tout cas, de susciter d’avantage d’incompréhension. De frustration également.

Etait-ce là le but?