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Hélène Lee: Elle a rencontré Bob Marley


A l’invitation de la mairie de Sainte-Rose, qui célébrait le 30ème anniversaire de la mort de Bob Marley, Hélène Lee était à La Réunion récemment pour une conférence et la présentation de son film “Le premier rasta”, sorti à Paris le 25 avril. Ancienne journaliste de Rock&Folk et de Libération, Hélène Lee a eu le privilège d’interviewer la star mondiale du reggae quelque temps avant sa disparition.


Par Aziz Patel - Publié le Vendredi 27 Mai 2011 à 12:39

Hélène Lee: Elle a rencontré Bob Marley

Connaissiez-vous la Jamaïque avant d’avoir rencontré Bob Marley?
Je suis originaire du Sud de la France, mais j’ai été mariée à une Jamaïcain. J’ai habité là-bas environ 6 mois, j’y ai effectué plusieurs séjours. C’est en 1972, grâce à un film avec Jimmy Cliff “The harder they come” -dont il a fait une chanson d’ailleurs-, que j’ai véritablement connu la Jamaïque. A l’époque, c’était le Harlem des années 30: une nouvelle culture qui émergeait, beaucoup d’échanges, pas de racisme,… Le mouvement rasta était à son apogée.
“La culture rasta est avant-gardiste”

Comment définissez-vous ce mouvement rasta?
Une philosophie qui dit aux gens: “Vous êtes maître de votre destin, de l’avenir de la terre”. C’est une remise en cause totale du système, avec des thèmes précis: éducation, écologie, médecine douce, autosuffisance alimentaire. Une sorte d’avant-garde de la pensée altermondialiste.

Que raconte votre film “Le premier rasta”?
C’est l’histoire de Léonard Howell, né en 1898, fils de petit paysan devenu marin et qui a beaucoup voyagé. Il a vécu 8 ans à Harlem où il a côtoyé Marcus Garvey. Surnommé “Le Gong”, il a fondé le mouvement rasta dans les années 30 à son retour de New York. La première communauté rasta a été détruite en 1958, Bob Marley arrivait alors à Kingstone, il a pris à son tour le surnom de “Gong”.
Il y a eu un livre, sorti chez Flammarion, et on a mis 7 ans avant de faire le film. Il s’agit d’un documentaire sorti dans 8 salles en métropole, et une version (raccourcie) de 52 minutes qui sera diffusée sur France Ô.

Comment avez-vous rencontré Marley?
J’étais à Rock & Folk, on m’a demandé de l’interviewer, ce ne fut pas facile d’obtenir le rendez-vous avec son manager. Et qaund je suis arrivée à la Jamaïque, Marley venait de virer son manager! J’ai insisté, et j’ai fini par avoir mon rendez-vous qui a duré 1 heure. Bien dans sa peau, il assumait parfaitement son métissage. Sa vie dans le ghetto ne fut pas facile, son père ne s’occupait pas de lui, parfois il n’avait rien à manger. Aujourd’hui encore d’ailleurs, beaucoup d’enfants Jamaïcains ne mangent pas à leur faim.

Marié à Miss Monde!

Pourquoi ce succès de Marley plus que des autres chanteurs de reggae?
A l’époque, Bob Marley était un chanteur comme les autres, d’autres étaient plus célèbres que lui, comme Gregory Isaac, Bunny Spears, … Bob était considéré comme la star des étrangers. Marley avait plus de facilité à s’entendre avec les Blancs, il avait été choisi par Island Records, il a ainsi créé 400 chansons. Dès 1976, il faisait de grandes tournées. Il exprimait ce que le peuple pensait, avec des messages simples. Marley était un homme d’une grande intelligence, il a gagné beaucoup d’argent, mais il a aussi beaucoup distribué. A Kingstone, il avait plus de 2 000 personnes à sa charge.
Contrairement à ce que certains pensent, Bob Marley ne se shootait pas, il fumait de l’herbe. Il était passionné de football, il en jouait tous les jours. Il est mort le 11 mai 1981 suite à un cancer généralisé. Après sa mort, il est devenu une légende.

Pourquoi personne n’a réussi à le remplacer?
Bob Marley est irremplaçable. Il a eu beaucoup d’enfants de différentes femmes, et plusieurs d’entre eux chantent. Il a même épousé une Miss Monde originaire de Jamaïque, Cindy Breakspear avec qui il a eu Damian, surnommé Junior Gong. Il chante mais n’a pas le talent de son père. De même d’autres groupes ont essayé de faire du Marley, mais son style était unique.
Propos recueillis par Aziz Patel



Sainte-Rose a fêté Marley
Sous l’impulsion du maire Bruno Mamindy-Pajani, et de Nicole Dambreville, directrice de la culture, Sainte-Rose a donc célébré l’anniversaire de la mort de Bob Marley. Conférence et projection de film avec Hélène Lee, exposition sur le cannabis, concert avec plusieurs groupes locaux, c’était la fête du rasta. “On a insisté sur le côté préventif et éducatif. Les rastas ont des valeurs, il faut le faire savoir. Le rasta respecte la nature, Sainte-Rose prône le développement durable, ça se rejoint, et la mairie va mettre un espace à disposition pour la création d’une bande végétale” dit Nicole Dambreville.
“Le mouvement rasta n’est pas bien vu, je suis épatée que ce soit une mairie qui s’intéresse au rasta, bravo Sainte-Rose” dit Hélène Lee.