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Portraits Créoles

Arwen Isil, l'éclectique qui revendique son droit à la différence


Une femme forte aux multiples talents qui revendique son droit à la différence. Elle le dit, si elle devait refaire son histoire, elle ne changerait rien en dépit d'une passé très sombre ! Arwen Isil se dévoile et évoque ses combats contre les violences faites aux femmes, le harcèlement et l'homophobie.

Partenaire Make up : Adopt Réunion
Photos : Studio974 / YKS YAKUSA


Par Chloé Grondin - Publié le Lundi 26 Juillet 2021 à 09:34

C'est sous le pseudo de Arwen Isil que la belle Suzannoise de 26 ans se présente. Cette maman de deux enfants de 7 et 4 ans avance la tête haute et le dit  " J'ai appris de tout et je suis fière de mon parcours et de qui je suis aujourd'hui. Brillez par vous-même! ".
Eclectique, cette " Touche à tout " aime cuisiner recevoir et a également d'autres cordes à son arc comme le karaoké, le dessin, la course à pied ou l'écriture. Elle confesse sur cette dernière passion: " c'est un exutoire. J'ai toujours écrit". 

Exigeante envers elle-même avant de l'être, elle se lance souvent de petits défis personnels pour repousser ses limites. Depuis peu, ainsi, elle s'essaie au piano en autodidacte. Elle dévoile son dernier défi, la création de son entreprise événementielle : "  Depuis la naissance de mon fils, j'ai pris plaisir à décorer les fêtes d'anniversaire, puis les repas en tout genre à la maison. J'ai pu organiser quelques soirées à thème à l'occasion pour une entreprise. A la recherche de ma voie professionnelle, j'ai compris que je voulais en faire mon métier. Je suis un esprit libre, un électron fou. J'ai besoin de créer, de transformer. Ça rend tout de suite la vie plus intéressante!  Compétitrice en mon âme d'enfant, c'est le plus gros défi que je me sois lancé jusqu'ici. Et j'irai au bout de mes envies sans regret ". 

 


La photographie, une évidence pour elle comme, elle l'explique : " Je pose dès que j'en ai l'occasion. Et sans parler d'expérience, j'ai acquis une certaine confiance devant l'objectif au fil des séances. Il m'aura fallu du temps pour m'aimer à cause des moqueries et persécutions dont j'étais victime toute ma scolarité. Je ne parlerai pas de photothérapie car j'ai commencé la photo quand je m'assumais déjà. La photo c'est capturer l'essence du sujet. Et je trouve ça beau de pouvoir exprimer ses multiples facettes à travers un cliché immortel.C'est un petit bout de nous à travers le temps ".

" Je fais face depuis un an à ma bipolarité "
Elle se fait plus grave pour évoquer sa maladie, sa bipolarité assumée qu'elle gère au quotidien : " Je suis une femme entière et de principes. Ça peut être un défaut comme une qualité. L'authenticité est quelque chose qui se perd, alors pas de triche! Ca plaît ou ça déplaît, mais toujours pour ce que je suis. Je déteste l'injustice sous toutes ses formes!
De nature très sociable, je fais face depuis un an à ma bipolarité qui s'accrut et altère parfois mon comportement et mes relations avec le monde extérieur. Mais j'entends rester moi-même en toute circonstance et c'est là que le combat commence. Tout devient alors paradoxal. J'ai mis du temps à mettre des mots sur tout ça. Refusant de la considérer comme une maladie. Mais c'est complètement indépendant de moi. Et ce n'est pas facile de devoir se gérer soi et le regard des autres en public quand ces signes sont visibles. Je pense que c'est pour cette raison que j'aime tant l'expression
". 

 

Violence faite aux femmes, harcèlement, homophobie : ses combats
La suite? Arwen se livre sans s'apitoyer, factuelle: " J'ai eu un parcours très sombre. Alors, je continuerai simplement de vous parler de ce qui fait un peu ce que je suis et qui a fait naître en moi cette aversion profonde pour l'injustice de par mon vécu. Comme la violence faite aux femmes. Ayant été 2 ans avec un homme violent et possessif. Le harcèlement scolaire et son cercle vicieux. Ou l'homophobie. Ouvertement lesbienne, je mets un point d'honneur à défendre les droits LGBTQ+ et à montrer aux gens que notre communauté fait partie de LA Communauté. Que nous aussi avons un travail, quelqu'un qui nous attend à la maison, des enfants. Et je trouve ça dommage encore en 2021, de devoir descendre dans les rues pour revendiquer les mêmes droits que pour tous.
C'est d'ailleurs ce que j'ai eu l'occasion de faire en 2019 lors de la contre-manifestation sur la loi de la PMA ouverte à toutes. Le "vivre ensemble" laisse davantage de place à la tolérance sur l'île qu'ailleurs. Mais tout reste à faire! A contrario, je pense que les mentalités sont néanmoins conservatrices de la manière de vivre d'antan. Prisonnières de cette notion du bien et du mal et des religions très présentes à La Réunion. Beaucoup de personnes LGBTQ+; notamment de jeunes, sont victimes de rejet et d'isolement de la société ou de leur famille qui n'acceptent pas leur orientation sexuelle. Se murant dans une souffrance psychologique voire physique.La différence dérange partout. Plusieurs voix, même petites, font toujours du bruit. Et je prêterai toujours la mienne à ceux qui n'ont pas les armes pour combattre
". Arwen, la parole libérée d'une femme qui avance et s'assume.