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Portraits Créoles

Aglaë Hoarau : harcelée et poussée elle a failli basculer dans le vide


Encore un témoignage édifiant et courageux sur le harcèlement scolaire. Un enfer vécu par la pétillante Aglaë Hoarau, qui aujourd'hui parle de l'indifférence des adultes mais aussi de l'espoir de s'en sortir. Une belle leçon de vie, d'une jeune femme qui a réussi à relever la tête.

Partenaire Make up : Adopt Réunion
Photos: Studio974 - YKS Yakusa


Par Chloé Grondin - Publié le Vendredi 18 Juin 2021 à 16:10

Qui est-elle? Tamponnaise, cette brillante élève fait des études de journalisme. Elle se raconte évoquant ses passions, qui toutes sont rythmées: "  Je chante depuis que mon père est tombé gravement malade en 2016 et à son décès, c'est la musique qui m'a fait garder les pieds sur terre... La danse également: je viens d'une famille qui a l'ambiance dans la peau, ce qui fait que la passion de la danse se transmet de génération en génération. Le maloya reste la danse que je maîtrise le mieux et qui me fait le plus vibrer. Et puis les sports automobiles et en particulier le rallye font aussi partie de mes gènes ".

Un kafrine dofé kom di kreol... Avec humour, la belle évoque sa personnalité: " j'ai un peu tendance à  être en graine... En d'autres termes, je ne me laisse pas marcher sur les pieds ".  Extravertie et joviale aujourd'hui, Aglaë Hoarau revient pourtant de loin. Victime de harcèlement scolaire à un stade très avancé, elle choisit aujourd'hui de témoigner. Comme une thérapie, être modèle photo lui permet de prendre confiance en elle après ce passé douloureux.

Quatre années de calvaire au collège
Que s'est-il passé lors de ses années collèges? Aglaë témoigne: " Se réveiller chaque matin, et devoir se rendre en cours, en se demandant à quelle méchanceté on va devoir faire face au cours de la journée. Arriver au portail du collège et entendre des rires, des surnoms scandés, être poussée dans les escaliers. Le banal quotidien d'une collégienne. Le calvaire que j'ai subi pendant les quatre années de ma vie au collège ! "

Des adultes du collège au courant ne font rien
Elle avoue ne pas avoir voulu inquiéter ses proches et a donc décidé de garder le silence sur ce qui se passait. Elle poursuit : " Surtout quand tu te rends compte que les adultes du collège sont au courant et qu'ils ne font rien pour que cela change. Plus les jours passaient, plus je me confortais dans l'idée d'être "la petite moche",  celle qui n'avait aucune valeur. Mon réconfort était les excellents résultats que j'obtenais. A un tel point que si j'obtenais une note inférieure à 15, je rentrais en pleurs à la maison. Là mes parents, inquiets, me posaient toutes sortes de questions... Pour simple réponse j'affirmais être déçue de moi-même par rapport à telle notes. Ils me réconfortaient, me rappelant qu'on ne peut pas être parfaite partout, que ce n'était pas grave... Et ça s'arrêtait là ".

" On est au troisième étage du collège et j'ai failli basculer dans le vide "
Son cauchemar va prendre une tournure encore plus dramatique et qui aurait pu très mal finir. Aglaë se souvient : " Et puis vient la 3ème où j'ai compté les jours avant de quitter le collège. Je me suis  battue pour aller ailleurs que dans le lycée de secteur. Mes parents ne comprenaient pas mais m'encourageaient. Les réponses d'admission ailleurs arrivaient et j'étais toute enjouée de ne plus voir ces personnes qui m'avaient fait tant de mal... un peu trop. En sortant de la classe j'ai trébuché car on m'avait fait un calle-pied. Je me suis relevée comme si de rien n'était. Je me suis éloignée en me disant que c'était bientôt fini quand je suis poussée violemment. On est au troisième étage du collège et je me rend scompte que j'ai failli basculer dans le vide. Je me suis retrouvée dans les bras d'un prof qui a tout vu.
A partir de là, je réalise que les derniers jours avant le brevet vont être  trèscompliqués. Heureusement pour moi, je suis tombée malade, ce qui m'a fait rater la dernière semaine de cours
".

 " Je me trouve moche, inutile "
Avec son entrée au lycée, les choses vont rentrer dans l'ordre, du moins en apparence, car les dégâts psychologiques de ce harcèlement sont insidieux.Dans la tête de la lycéenne rien ne va. Elle confesse: " je me trouve alors moche, inutile, je me compare aux autres filles et me trouve une centaine de défauts... Mes copines commencent à avoir un petit copain moi pas, donc je me sens encore plus seule. Je me fait à l'idée d'être bizarre bien que les profs me répètent que je dois prendre confiance en moi ".

Enfin le positif va arriver dans sa vie. Aglaë rencontre de nouvelles personnes et se découvre de nouveaux centres d'intérêt. La musique entre dans sa vie et va être un précieux soutien, car une nouvelle épreuve l'attend. Elle raconte:  " Je me mets alors à  écouter toute la journée de la musique pour tenter d'oublier la santé de mon père qui se dégrade. Je commence à chanter, je rejoins une chorale, et puis je découvre la photo dans la foulée ".

Aglaë tient à conclure son beau témoignage sur une note d'espoir : " Pour ma part le chemin est encore long mais aujourd'hui, malgré les moments de doute qui persistent, j'arrive à me dire que non, je ne suis pas bizarre. Je suis juste moi ! Si j'en suis capable, vous l'êtes tous aussi...".